Ardeche - Provence - Drome
Le voyage-club, grand moment vélocipèdique (et plus
si affinités), est attendu tous les deux ans avec une impatience non-dissimulée
par ses participants.
Malheureusement cette fois, dès avant le départ,
deux événements sont venus le ternir : Moulin, notre vénéré président, a
été victime d’une chute stupide lors du retour d’une randonnée quinze
jours auparavant et « en est quitte » pour six semaines
d’immobilisation en extension à l’hosto plus deux mois de chaise roulante
because fracture du bassin; quant à Michel Cambier notre cyclo épicurien, il
s’est fracturé un gros orteil et est aussi « out ». Ils nous
manqueront.
Samedi 7
juillet.
Dimanche 8. Casteljau - Valence : 122 km, 1.100 m
dnv.
Avec les six autres participants-rouleurs du
voyage, j’ai décidé de rallier Valence en vélo ce qui d’une part nous
fera une belle mise en jambes et d’autre part évitera de mobiliser l’une ou
l’autre de nos compagnes pour le transport.
Alain, une vieille connaissance qui passe ses vacances
au même camping, a décidé de nous accompagner jusqu’à mi-parcours.
Jacqueline et Corinne nous suivront avec armes et bagages.
Arrêt à Lavilledieu
Nous démarrons à 10 heures, le ciel est bien dégagé et le soleil chauffe, un petit vent nous est favorable, ça devrait « d’aller » même si des nuées sont prévues dans l’après-midi. Nous nous dirigeons vers Ruoms puis vers Vogüé en suivant la plate D 579 pas mal fréquentée. Après 36 km nous arrivons à Lavilledieu et commettons le premier arrêt-cabaret à la terrasse du Barry, bar-tabac-bimbeloterie (sic !) tenu par l’accorte Claudine Arsac (« ‘et maronne » selon certains !). Les choses un peu sérieuses commencent peu après avec la montée du plateau du Coiron par le col du Bénas (765).
Col du Bénas
Une
petite départementale tranquille va nous mener au col en 17 km pour 600 m de
dnv. Pas de quoi fouetter un triple plateau sauf qu’après le village de
Darbres les 7 derniers km ne sont pas des plus faciles avec en prime un petit
mur à escalader. Vous aurez peut-être du mal à le croire mais votre serviteur
est en forme (le condor de l’Héribus a encore des plumes) et effectue le
parcours en tête en compagnie d’Alain qui s’accroche à quelques encablures.
Arrivés au col dans un environnement mettons « steppien » nous
attendons le reste du groupe dont Jules, largement « s’cran »,
ferme la marche. Faut dire qu’il a fait partie du dernier carré hier au bar !
Alain nous dit au revoir et s’en retourne tandis que nous allons prendre deux
cols sup’ (Saint-Martin -723- et Fontenelle -703-) pour 5 km d’aller-retour,
c’est donné.
Ensuite vient une belle descente sur Chomérac (km
75). Nous cherchons en vain un bistrot ouvert dans le village, « nada ».
Décision est alors prise de pique-niquer sous les frondaisons de la place, la
camionnette suiveuse ayant été chargée de victuailles ce matin. De sombres
nuages font leur apparition et éclatent en nuées du tonnerre de dieu. Les
platanes et tilleuls de la place ne sont pas suffisants pour nous abriter et
nous nous réfugions sous les arcades d’un bâtiment communal. Nous y « pestelons »
pendant plus d’une heure, attendant le retour du soleil qui finit par pointer
le bout de son nez et séche la route en une dizaine de minutes nous permettant
ainsi de repartir sans nous « emberner ».
Direction La Voulte sur Rhône et passage de deux cols
( Saint-Alban -280- et Viaux -199-) certes peu élevés mais qui nous obligent
quand même à bien pousser sur les pédales, le premier d’entre-eux n’étant
en plus pas facile à trouver et suivi en prime d’une descente mémorable sur
une minuscule voie vicinale mal revêtue. A La Voulte nous passons le Rhône sur
un étroit pont métallique assez remarquable et au lieudit La Paillasse nous débouchons
sur la N 7 encombrée de circulation mais heureusement bordée d’une bande
largement cyclable. Petit moment d’excitation pour les toujours mêmes
lorsqu’à un rond-point nous apercevons une « gagneuse » en train
de « se défendre » à bord d’une camionnette genre « vieille
Citroën » (la caisse pas la boutique mon cul !) toutes jambes gainées de
noir dehors. Y en a qui proposent (pour du rire quoique !) de venir lui dire
bonsoir après souper. Nous arrivons au Vacantiel de Valence vers 18 heures et y
retrouvons les autres membres du groupe excepté Alain et Gianny qui
descendaient ensemble en voiture et se pointent un peu plus tard car ils ont
effectué un crochet par Sestrière pour que Gianny alpague la route des crêtes
de l’Assietta et ses 14 cols à plus de 2.000 mètres, sans doute la plus
belle partie de vélo-muletier que j’ai jamais réalisée en compagnie
d’autres membres du club en 97.
Après avoir pris possession de notre très correcte
chambre et nous être douchés-changés, le Chi et moi retrouvons le groupe
d’abord au bar puis autour du repas (buffet de « toutes sortes »,
plat chaud -hamburger frites pour moi- et dessert) qui sans être spécialement
remarquable suffit cependant largement à nous rassasier sauf Eric incapable de
se nourrir pour cause de problèmes stomacaux et qui depuis quelques jours se
vide littéralement malgré les prises d’Imodium.
Recap sur le bar pour une suite de moments comiques grâce
au serveur qui se trouve dans un bel état d’avancement éthylique ce qui ne
facilite pas son travail. Dodo vers 23 heures, nous tombons dans les bras de
Morphée en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
Lundi 9. Valence - Aubenas : 136 km, 2.000 m
dnv.
Lever vers 6 h 45, petit déj à 7 h 30, « remisage » des bagages dans le Vito, tout le monde est sur le départ vers 8 h 30 exceptés Gerda et Eric dont l’état ne s’est pas amélioré. Annie, la femme de Marcel, qui suivra son homme dans sa voiture perso because ils quittent le voyage vendredi matin, propose de conduire le couple directement au lieu du repas de midi afin d’y trouver un médecin en espérant que celui-ci pourra soulager Eric de son mal. Après embarquement des deux vélos dans la camionnette le groupe démarre sous le soleil.
Vers St Georges
Nous suivons d’abord, sortie de l’agglo oblige, la
N 7 puis, après 12 km, nous la quittons pour passer le Rhône et nous diriger
vers Charmes sur Rhône. Une partie du groupe se dirige vers Saint Georges les
Bains tandis qu’une dizaine de dragonneurs quitte le parcours de base et, après
un coup de rein pour se hisser au-dessus de la ville, met le cap sur Toulaud.
Arrivé dans ce village perché nous tombons en plein travaux routiers qui nous
obligent à escalader, le mot n’est pas trop fort, le centre du village par
des venelles afin de pouvoir retomber plus loin sur le parcours prévu. Départementale
tranquille dans un cadre verdoyant pour le col des Ayes (379) puis arrivée au
col de Rotisson (425) où nous retrouvons « la queue » du premier
groupe à savoir Christophe et Michel.
Hervé, Bernard et moi entamons quasi de suite la
seconde dragonnade qui se déroule dans un environnement que je n’oublierai
pas de sitôt : elle commence d’abord par la descente d’un C.V. passable
encastré dans une forêt de châtaigniers et autres feuillus puis nous passons
la rivière Turzon, sortons des bois pour grimper (sur le triple dans mon cas)
sur une espèce de plateau quasi dénudé, rejoignons la D 266 qui nous conduit
au col de Méran (545) où nous retrouvons Marcel et Yves. Nous demi-tournons
sur la D et passons le col de Gilhac (519). Jacky, Gianny et Bernard surgissent
devant nous et s’en vont prendre les deux cols précités. Nous retrouvons la
Vito sur le parcours de base au Moulin à Vent et attendons les trois chasseurs.
Un panneau mentionnant « Saint
Laurent du Pape 17 km » me donne l’idée d’une photo qui figurera en
bonne place parmi les «immontrables» du club, devinez !
Nous attaquons la fin du parcours d’avant midi et
passons le col de la croix de Saint André (708) puis celui de la Justice (679),
dans un cadre toujours très bucolique. Dernière dragonnade du matin en passant
par Châteauneuf de Vernoux (même « gnié » un cabaret !) et le col
de Montreynaud (757), tranquillité des routes, paysages, chaleur, le plaisir !
Marcel plonge dans la descente sans apercevoir le petit C.V. que nous devons
emprunter, « toudis » pressé ! L’approche de ce village est
enchanteresse, nous stoppons près d’une ferme pour nous regrouper puis
empruntons une route étroite qui nous fait passer le col des Meules (525) et
nous débouchons sur la D 578, à gauche toute vers Le Cheylard. La route est
belle mais les derniers km d’avant le col des Nonières (670) font mal sous un
soleil accablant. Au col, malgré qu’il ne nous reste plus qu’à descendre
10 km, nous ne pouvons résister à l’appel d’un sympathique bistrot pour
une tournée de panachés vite engloutis. Dévalage « à fond » de
la route impec, passage en portage des travaux routiers au-dessus de la Rimande
et arrivée à Le Cheylard au resto Des Voyageurs à 12 h 50. A peine le temps
de s’en jeter une en terrasse, le repas est servi.
Vers le Cheyvard
Col de Méran
Travaux sur la Rimande
Eric a consulté et a pris les médicaments ad-hoc, il se sent mieux et montera en selle après dîner, Gerda itou, « ouf ! ». Assiette de crudités et charcuteries, viande, dessert, vin, absolument rien à redire que du contraire sauf qu’il faut après cela monter les 22 km et 700 m de dnv du col de Mézilhac (1.119). Au début la route ne pente pas fort ce qui nous permet d’un peu digérer tandis que certains mettent du braquet. Le groupe se disloque au fur et à mesure des km, en compagnie de Gerda, on « s’en baille ». Paraît d’ailleurs que des pendules sont -re-mises à l’heure (n’est-ce pas Jean-Claude!). La fin du col est plus pentue et son approche nous en met plein la vue. Nous arrivons au sommet où les plus costauds se désaltèrent dans un bistrot dont la terrasse est ornée de statues grandeur nature de Marylin, Elvis, Bogart... à voir ! Tout le monde en ayant terminé, la majorité d’entre nous se couvre d’impers because des nuages qui ne nous disent rien qui vaille nous arrivent dessus.
Sommet col de Mézilhac
Le col de Mézilhac marque le passage de l’Ardèche
septentrionale à l’Ardèche méridionale, « m’est avis » que
dans notre cas, même si nous descendons coté sud, cela va être le contraire.
Tandis que Bernard et d’autres se lancent sur la dernière dragonnade qui doit
leur rapporter 8 cols, je me joins à ceux qui restent sur le parcours de base
car j’ai déjà ces cols au palmarès.
Nous plongeons vers Vals les Bains le long de la très
belle vallée de la Volane, du plaisir à l’état pur malheureusement
rapidement gâché par la pluie. Celle-ci ne m’empêche pas avec Annie,
Marcel, Christophe, Jacky d’effectuer un bref aller-retour pour aller revoir
Antraigues où nous nous arrêtons au café de la Montagne (le village a été
drivé durant des années par Jean Ferrat). Retour sur le parcours, traversée
encombrée de Vals, la pluie cesse. Nous arrivons à l’entrée d’Aubenas où
nous nous retrouvons sur une route, interdite aux vélos, qui charrie un flot
important de véhicules dont pas mal de camions, cerise sur le gâteau : le
passage de tunnels !
Nous sommes dès lors forcés de rouler sur le bas coté
jonché de débris de verre et ce qui doit arriver arrive : crevaisons simultanées
de Christophe et moi-même. Heureusement Annie nous suit et se place
judicieusement derrière nous, feux de détresse allumés, ce qui nous permet de
réparer en toute sécurité.
Grimper jusque l’hôtel situé au-dessus de la ville
nécessite de brûler nos dernières cartouches, le soleil revenu nous donnant
du coeur au pédalage.
L’hôtel La Pinède est parfait : piscine, terrasse
d’où la vue porte loin, chambres très correctes. Les familles abandonnées
au camping sont venues nous retrouver et souper en notre compagnie. Apéro
prolongé suivi de salade de pâtes fraîches, pot au feu de volaille à
l’estragon, fromage et clafoutis aux abricots, le tout accompagné d’un bon
vin régional, nous apprécions particulièrement.
Après l’au revoir aux campeurs viennent pour le
groupe cabaret et affinitaires les nombreux pousse-café au bar jusqu’à assez
tard (hum !) pour certains. Une découverte pour moi : la Coiron, liqueur régionale
excellentissime. Au pieu avec le Chi (pas dans le même lit) largement passées
23 heures.
Aubenas hô
Mardi 10. Aubenas - Pouzilhac : 115 km, 1.400 m de dnv.
Levés à 6 h 30 pour nettoyer les vélos (on est
maniaque ou on ne l’est pas !), déjeuner et départ vers 8 h 30 sous le
soleil qui devrait briller de tous ses feux.
Descente sur Aubenas, traversée de la ville où un
accrochage vient de se produire projetant des éclats de verre sur la rue ce qui
cause une paire de crevaisons dans le groupe. Direction Vogüé, traversée de
l’Ardèche et passage dans ce village au charme certain dominé par un beau château.
Route de Ruoms, Jacques et quelques autre prennent la tête du groupe et mènent
bon train. « Tu vas voir, ils vont rater l’embranchement » dis-je
à Jacky. Comme de juste ils continuent tête baissée sur la route de Ruoms au
lieu de tourner vers Lagorce. Bons princes nous leur crions de revenir et ils se
retrouvent derrière tout le monde.
A ce propos d’ailleurs, ce voyage m’a conforté
dans l’idée, si besoin en était, que cela ne sert pas vraiment à grand
chose de passer des heures (et plus) à peaufiner un road-book vu que la majorité
ne s’en sert quasi pas ou n’en prend guère connaissance (ceci était la
minute de récrimination du rédacteur !).
La D 1 que nous arpentons en direction de Vallon Pont d’Arc est à l’écart de toute circulation et le cadre vaut le détour. Evidemment il y a le prix a payer sous la forme d’une belle ascension de plusieurs km jusqu’au lieudit La Fontaine du Cade, à mon avis un vrai col géographique malheureusement non repris au Chauvot. La descente sur Vallon se fait sans coup férir même si Jules et d’autres s’amusent à en remettre une couche. A la sortie de la ville nous nous regroupons près d’une aubette bar-location de kayaks où nous retrouvons Alain qui va rester en notre compagnie jusqu’au repas de midi. Véronique est aussi présente car elle compte monter jusqu’au premier belvédère au-dessus des gorges de l’ Ardèche.
Sur route début des Gorges
On y va pour l’ascension des gorges, la chaleur est
étouffante et la dure escalade du Serre de Tourre en assomme plus d’un. Au
sommet le belvédère nous offre des vues sensationnelles en contrebas et à
l’horizon, nous nous y chargeons les mirettes. Sans être une sinécure la
route sera ensuite plus facile montant et descendant tout en
nous donnant de splendides panoramas. Guettés par la soif nous sommes
tout heureux de retrouver la camionnette dont le bac frigo est lesté de
diverses canettes. Au km 67 c’est la
fin des gorges et l’arrivée à Saint Martin d’Ardèche où nous attend le
restaurant Bellevue pour le repas de midi.
Nous y prenons le repas le plus copieux du voyage : millefeuilles d’escargots, merlu à la Raimu (aïoli « à l’louche ») et légumes, fromage, flan caramel maison dont les portions ressemblent à des lasagnes, le tout accompagné bien entendu de vin du coin. Autant dire que le redémarrage est plus que laborieux dans une fournaise de + 30° à l’ombre.
Au-dessus des Gorges
Arrêt canettes
Passée l’Ardèche nous disons au revoir à Alain
qui s’en retourne au camping via Barjac et suivons une petite route gorgée de
soleil qui nous monte à Salazac. En pleine digestion, beaucoup s’en
souviendront. La descente vers Saint Laurent de Carnols est véritablement époustouflante
en pleine forêt sur une petite route billard, le chant des cigales plein les
oreilles. Pour permettre à tout un chacun de mieux encore jouir des lieux les
crevaisons se succèdent surtout pour François. Arrêt à Saint Laurent, pas de
bistrot, « le pays de la soif » mais nous sommes une fois de plus
sauvés par la camionnette. Nous poursuivons notre chemin en passant par la
Roque sur Cèze, simplement : beau. Tout le monde semble avoir plus ou moins digéré
ce qui permet aux mêmes que ce matin sur la route de Ruoms de prendre la tête
du groupe pendant que je m’échine une fois de plus à lire le parcours tout
en roulant et en essayant de trouver l’embranchement d’un petit C.V.
que nous devons emprunter. Encore une fois ils passent outre et il faut
leur crier après. Jacques éructe comme quoi c’est fait exprès. Pas cette
fois non mais il y a des moments où j’en ai marre de jouer les chiens de
berger ! Le petit C.V. sera inoubliable pour beaucoup car il grimpe sec et
comporte une paire de beaux lacets qui nous hissent sur le versant sud du bois
de Larboussas puis sur une espèce de plateau plein de vignobles parmi lesquels
il se fraye un chemin pour finir par arriver à Rieufort où nous retrouvons une
départementale qui nous conduit à Saint Marcel de Careiret, arrêt-bistrot (enfin)
et tour de France, Jacques boude !
La fin de parcours est on ne peut plus tranquille par
Cavillargues et Gaujac où nous rejoignons la N 86 que nous suivons sur 5 km,
voitures et dernier coup de rein en prime, afin d’atteindre Pouzilhac et l’hôtel
La Closeraie, isolé au-dessus du village, une fois encore un endroit des plus
corrects.
Deux petits problèmes malgré tout : les patrons ne
semblent pas très affables et, malgré ce que les différents courriers précisaient,
il n’y a pas d’endroit couvert pour abriter nos vélos. Selon le patron le
terme « abriter » signifie que les vélos peuvent rester dehors en
toute sécurité, ben voyons ! Jacques qui par son métier a l ’habitude
d’être diplomate réussit cependant après moult palabres à obtenir que nous
rangions nos machines sous un hangar où l’on met le linge à sécher.
Je loge à nouveau avec le Chi et nos ablutions terminées
nous descendons au bar où les éclaireurs du groupe cabaret sont déjà à
l’ouvrage en compagnie du serveur (serveuse ?) hispanisant extrêmement
sympathique au demeurant.
Grande tablée à l’extérieur et nouvelles agapes :
melon au muscat, gigot aux herbes, poire et fromage, plus pichets de rouge et
rosé. Comme d’hab, retour au bar où les get 27, 31 et autres boissons plus
ou moins alcoolisées se succédent jusqu’après minuit. Pour ma part à 23
heures je suis au pieu, on ne peut pas être et avoir été !
Aubenas hô
Mercredi 11 : Pouzilhac - Cavaillon : 114 km, 800 m de
dnv.
Levé à 6 h 30, je décide de me dégourdir en allant
faire quelques longueurs dans la piscine. Le soleil montant réchauffe déjà
l’atmosphère, l’eau est encore chaude, un excellent moment propice à
m’ouvrir l’appétit.
Petit déj expédié, départ à 8 h 30. Nous sommes à 226 m d’altitude et allons quasi constamment descendre jusque Arles (altitude 10 m), c’est dire si d’emblée l’allure est assez élevée sur la route de Remoulins. Ne voulant pas renouer avec les erreurs de parcours d’hier et les remontrances qui s’en sont suivies de part et d’autre, je prends les devants afin d’avoir le temps de bien repérer la route vers Castillon du Gard. « No problemo » et tous « groupier » nous grimpons la butte du village et nous dirigeons vers le pont du Gard.
Pont du Gard
Nous y sommes vite et, tandis que camionnette et auto
se garent sur un parking payant (30 ff !), nous empruntons le chemin qui conduit
au pont. Un endroit extraordinaire qui figurera en bonne place dans les albums
photos. Nous traversons le pont sur son arche inférieure et reprenons notre
parcours. Nous arpentons une suite de petites routes et arrivons à Jonquières
Saint Vincent pour y constater que Gianny et Jacky manquent à l’appel.
Pendant que François rebrousse chemin nous éclusons un godet sur la place du
village. Les retardataires se pointent et c’est reparti vers Beaucaire que
nous contournons pour aller prendre la D 15 vers Arles. Des crevaisons scindent
le groupe et après une belle partie de manivelles le long de pâtures envahies
d’aigrettes où paissent des chevaux camarguais (forcément !), je fais partie
du dernier groupe qui pénètre vers midi dans Arles.
Direction les arènes pour une paire de photos et un perrier-menthe (ma découverte non-alcoolisée du voyage, la boisson la plus désoiffante qui soit). Regroupement à la terrasse du café restaurant La Nuit pour un repas à nouveau « diététique », « balloches » de la serveuse sous le nez sans supplément : assiette provençale, filet de sole et sa garniture, pâtisserie du chef (encore du flan !) plus les pichets bien frais of course. Inutile de vous dire que la remise en route dans la fournaise n’est pas évidente, la platitude du début de parcours nous évite toutefois de devoir sortir les avirons.
Arles midi
Vers le moulin Daudet
A Fontvieille nous allons jeter un oeil au moulin de
Daudet, atteint après avoir grimpé une dizaine d’escaliers, vélos sur le
dos puis avoir poussé les engins dans une petite caillasse. Le fait de n’être
qu’à 100 mètres de haut n’empêche pas la vue de porter loin autour et
alentour du moulin (pas en extension lui !).
Moulin Daudet
Col de Vayède
La montée vers Les Baux de Provence se fait piano. Je
ne parviens pas à trouver l’embranchement du C.V. qui contourne le Val
d’Enfer via un col et le groupe se retrouve à quelques encablures du col de
Sarragan (223) que nous escaladons par sa face sud dans laquelle Christophe démontre
ses talents de moulineur. Du col nous descendons à gauche le petit C.V. manqué
précédemment, celui-ci serpente d’abord en descente dans un bois puis se relève
dans la garrigue et franchi le Pas du Chevrier (150). Jacky chute dans des
gravillons sans autre bobo qu’une estafilade à un genou, il en a vu
d’autres ! Nous débouchons en bas des Baux et recommençons leur montée (bis
repetita placent) sauf qu’une fois au sommet nous prenons cette fois sur la
droite pour passer le col de Vayède (230) et profitons du regroupement pour
admirer les Alpilles. Descente billard et à gauche toute vers Saint Rémy de
Provence sur une très belle route bordée ça et là de genêts et autres
arbustes rabougris.
Vers le Pas des Plaines
Nous allons franchir la chaîne des Alpilles par le
Pas des Plaines (240). « Pas pas » (quel sens du jeu de mots !) haut
certes mais dont les derniers km en larges lacets font suer sang et eau. Jacques
qui semble avoir retrouvé son coup de pédale du précédent voyage,
l’attaque en force sur le 52, je le suis à la rage et à la nage mais sur le
42, une belle partie de gambettes. Nouveau regroupement au col et descente extra
jusque Saint Rémy. A l’entrée de la ville des terrasses nous tendent les
bras, qué plaisir de s’y abreuver !
Les 20 derniers km jusque Cavaillon sont d’une
platitude propice à l’enroulement des grandes assiettes sur la petite D 31
passant par Mollèges qui nous permet d’éviter la grand-route qui plus est
les nombreux petits canaux d’irrigation nous apportent un semblant de fraîcheur
appréciable.
L’adresse du soir à Cavaillon c’est l’hôtel
Toppin, situé au coeur de la ville. C’est un genre d’établissement à mon
goût : un peu vieillot, escaliers craquants recouverts d’une antique moquette,
chambres spacieuses au charme suranné mais au confort moderne. En outre les
patrons sont des plus aimables et comme convenu mettent à notre disposition et
à celle des véhicules de grands garages sis dans la cour intérieure arrière
parfaitement protégée par de hauts murs et un portail médiéval (d’accord
j’exagère un peu , l’influence sudiste sans doute).
Le plus étant sans conteste la présence d’un pub
anglophile le jouxtant et à la
terrasse duquel tous se retrouvent (quel hasard !) après la toilette vespérale.
Apéro(s) pris nous rejoignons le restaurant partenaire de l’hôtel situé à
un km de celui-ci. Son look est passablement italo-camarguais (curieux mélange)
et nous squattons sa terrasse intérieure. Les patrons sont sur des charbons
ardents car ils reçoivent la visite des polyvalents ce qui ne semble guère émouvoir
les serveuses aux formes alléchantes (à léchantes pour le Chi !). Une fois
encore le menu est des plus corrects : salade jurassienne, rôti de veau aux
champignons, gratin de pommes de terre et tomate provençale, île flottante.
Petit sursaut pour certains buveurs de coca : le prix « resto » de
ceux-ci que la patronne acceptera de diminuer, « z’avaient qu’à »
boire du vin, c’est moins cher !
Retour à l’hôtel ou plutôt au pub pour une soirée prolongée et assez épique pour les derniers habituels assoiffés (j’ai les noms !). Quant à moi je regagne le paddock vers 23 h seulement réveillé un bref instant par les ronflements du Chi rentré plus tard.
Pub Montélimar
Jeudi 12. Cavaillon - Malaucène : 126 km, 2.000 m de
dnv.
Toujours le même scénario : lever vers 6 h 45, petit
déjeuner-buffet impec et mise en route vers 8 h 30 de manière disloquée étant
donné que certains des imbibés de la veille ont eu du mal à se réveiller,
n’est-ce pas Hervé et François !
A la sortie de la ville nous prenons la petite D 15
vers Gordes, le soleil tape déjà dur. Après 10 km elle rejoint la D 2 plus
large et plus fréquentée et ça commence à monter. Avant d’arriver à
Gordes nous sommes quelques uns qui finissons par aller dénicher le muletier
col de Gordes (271) après une paire de vaines tentatives qui aboutissent dans
des culs de sac. En approchant de Gordes c’est, pour la seconde fois dans mon
chef, le big choc esthétique causé par la vue de la ville accrochée à un pan
de montagne.
Mes compagnons du moment s’élancent sur la dragonnade de l’abbaye de Sénanque et de la forêt de Vénasque qui doit leur rapporter 4 cols que j’ai déjà empochés, je reste donc sur le parcours de base, traverse la belle ville, descend son flanc est et me dirige vers Roussillon.
Gordes
Pour cause de « perte de temps » dans le
muletier je pense me trouver en queue de groupe et commence à pédaler
d’allure en me disant que je vais bien finir par en apercevoir l’un ou
l’autre mais au fil des km comme soeur Anne je ne vois rien venir.
Roussillon est un village mignon tout plein aux façades
ocre-rouge du plus bel effet, c’est jour de marché et je m’installe à une
terrasse pour une rapide pause 2 C, devinez lesquels ! En descendant le village
je me retourne plusieurs fois afin de mater les falaises d’ocre, c’est biau
! « Allons Hono arrête de musarder si tu ne veux pas terminer le parcours
d’avant-midi en solitaire » me dis-je et je commence à « accélérer »
sur la route de Saint Saturnin lès Apt. Entrée de la ville et toujours
personne en vue, mon bidon est presque vide et j’aperçois un café-terrasse
pas loin, que faire ? Tant pis je continue la camionnette va bien finir par se
pointer pour me permettre de me ravitailler. Je me lance à l’assaut de la D
23 qui grimpe au col de la Liguière. Je me trouve à 330 m et le col, situé 12
km plus loin, est à 998 m soit du 5,5 % constant bien tassé, en principe ça
doit « d’aller ». Tu parles d’un « dallage » ! Les
premiers km sont très durs en plein soleil sur une pente à mon avis supérieure
par moments à 10 %, j’y souffre tout triple plateau sorti. De temps en temps
le bruit d’un véhicule en approche arrière me fait croire que c’est la
Vito qui se pointe, que nenni ! Je finis par me retrouver bidon à sec. Bon sang
je vais quand même finir par apercevoir un autre dragon et la camionnette va
arriver, eh non !
Même si le plateau de Vaucluse sur les pentes duquel
je m’échine est un endroit qui vaut le détour, le mal qu’il me donne et la
rame qu’il est en train de me causer ne me laissent guère le loisir de
l’apprécier.
Après ce qu’il m’a semblé être une éternité
je touche enfin le panneau du col bordé de champs de lavande. La bible Chauvot
renseignant le col à quelques centaines de mètres sur ma gauche sur un chemin
non recouvert et ce malgré la présence d’un panneau routier (ce n’est
d’ailleurs pas le seul dans le cas), nonobstant la soif qui me tenaille j’y
vais pedibus pendant +/- 250 m jusqu’à un croisement et au col géographique.
Faut vraiment être puriste !
Retour sur la route et plongée vers Saint Jean de
Sault puis chaude route et coup de rein pour arriver au centre de Sault où
j’aperçois Jacky Flament (en tenue club) et Bernard Moins à une terrasse.
Ils sont en vacances dans le coin et Jacky vient d’effectuer la partie de
parcours entre Roussillon et Sault. Il a lui aussi bien souffert dans la Liguière
et n’a vu personne du club ! L’explication vient un peu après lorsque les
autres dragons se pointent au fur et à mesure : tous (sauf bibi) ont fait la
dragonnade et donc la camionnette est restée avec eux. Bravo et merci ! Encore
eut-il fallu que je le susse afin que je me ravitaillasse !
Tout le monde en termine avec la dragonnade, certains passablement fatigués, et nous nous rendons au restaurant Albion lequel semble fermé. Quelqu’un tambourine à la porte et la patronne vient nous ouvrir, « nous vous attendions » dit-elle, ouf !
Les vélos remisés dans un grand garage attenant,
nous nous installons dans le petit resto. Le repas qui suit est sûrement le
plus naturel-écolo du voyage : porc du Ventoux aux pruneaux et au miel de
lavande, petit épeautre bio de Haute Provence de chez Maurice Fra, fromage de
chèvre de Montbrun les Bains sur lit de salade, glace artisanale à la lavande
(qui donne l’impression à Jacques de se retrouver dans son armoire à linge).
Un véritable enchantement pour les papilles et même pour les oreilles car le
patron prend plaisir à nous décrire tant sa façon de préparer les mets que
l’origine des produits, une halte à recommander.
Notre groupe se scinde ensuite pour accomplir la fin
de l’étape, certains vont se taper le Ventoux, d’autres la descente des
gorges de la Nesque. Quant à moi qui connaît ces deux trajets, je me lance
avec Yves dans une petite chasse aux cols qui commence par la route vers Saint
Jean de Sault puis vers Méthamis. Les vues sur le Ventoux sont exceptionnelles,
nous roulons tranquilles jusqu’après le gîte Saint Hubert puis empruntons un
G.R qui nous conduit, après du poussage sur une pente encombrée de pierres, au
Pas du Viguier (863). Nous redescendons et attendons sur le bord de la route que
Jacky, Gianny et Bernard arrivent. Partis avant nous du resto, ils sont allés
grimper la Liguière par sa face nord et doivent nous rejoindre ici. J’ai le
temps d’en fumer une avant qu’ils ne se pointent puis une autre tandis
qu’ils vont cueillir le muletier. Direction Méthamis via le col Faraud (678)
et des gorges superbes et tranquilles. Arrêt bistrot à Méthamis, qu’est-ce
qu’on est bien !
Nous repartons vers Mormoiron, passons le col de
Gravezon (269), ascensionnons le village de Blauvac (arrêt fontaine), empochons
le col Blanc (373) puis suivons un minuscule C.V. qui nous fait passer à coté
du domaine viticole des Anges (pas d’arrêt hélas) avant de dévaler puis de
remonter vers Mormoiron. Direction Bédoin toujours dans un cadre 3 étoiles et
dans une chaleur dantesque, traversée de la ville, belle route du col de la
Madeleine (448) et passage facile du col de Ronin (374) avant d’arriver à
Malaucène et à l’hôtel L’Origan où nous allons rester deux nuits. Une
fois encore un endroit R.A.S. Seule différence par rapport aux précédentes
nuitées : la répartition des lits dans les chambres fait que je me retrouve à
partager celle de Yves. Cela ne me dérange pas outre mesure quoique la nuit me
réservera des surprises saumâtres.
Après un coup de fil sadique au malheureux président qui se morfond sur son lit d’hôpital vient l’heure de passer à table sur le devant de l’hôtel dans la légère fraîcheur du début de soirée. Salade de chèvre, cuisses de pintades rôties et dessert sont amplement suffisants pour nous recharger les accus. Ensuite et comme de bien entendu, soirée cabaret que j’écourte pour cause de grand rendez-vous le lendemain avec le Ventoux. Je gagne donc la chambre où Yves dort déjà d’un sommeil qui ne semble pas être celui du juste : cris, gesticulations, ronflements, paroles incohérentes et j’en passe. Je regrette de ne pas disposer d’un caméscope ou au moins d’un enregistreur.
S’ensuit alors un remake de « La grande vadrouille » avec Yves dans le rôle de l’officier allemand et moi dans celui de De Funès. Mes sifflements sont même entendus dans la chambre voisine occupée par Annie et Marcel. Après avoir fini par réveiller Yves, je trouve le sommeil avant qu’il ne se rendorme et ne remette le couvert, « sauvé ! »
Vendredi 13. Malaucène : 99 km, 2.300 m de
dnv.
Ce jour sur place voit le groupe se disperser sur les
différents circuits proposés, a l’exception d’Annie et Marcel qui
retournent ce matin en Belgique.
C’est en compagnie de quelques dragons « surmotivés »
que je prends la route de Bédoin pour y débuter l’ascension du géant de
Provence par son coté le plus dur (de 300 à 1.909 m en 21,5 km soit 7,5 % de
moyenne). Arrêt 3 C à Bédoin avec Jacky, Alain, Gianny, Jules, Jean-Claude,
Bernard tandis que Corinne, Philippe, Michel, Richard et Christophe se lancent
de suite à l’assaut.
Il est 9 h 30 lorsque nous attaquons la route qui doit nous mener au sommet. Il fait déjà bien chaud mais nous n’aurons pas trop à subir la chaleur étant donné que les deux premiers tiers du parcours se font quasi constamment en forêt et que le dernier tiers vus le vent qui y souffle souvent et la hauteur atteinte est nettement moins chauffé que la plaine.
Sommet du Ventoux
Mon objectif est d’essayer d’arriver au sommet en
moins de 2 h, « mon meilleur » temps par ce coté étant de 2 h 05
en 93 lors de la deuxième réussite du brevet des Cinglés du Ventoux (les 3
ascensions différentes sur une journée). C’est aussi l’objectif de Gianny,
Jacky et Alain qui démarrent sur les chapeaux de roues. Quant aux autres
grimpeurs seul leur importe le fait d’arriver au-dessus sans se faire « mourir ».
« J’y va donc » aussi vite que je peux
sur la route de Sainte Colombe. Ce hameau passé les choses sérieuses
commencent sur une pente comportant des passages à 10 % pendant plus de 10 km
jusqu’au chalet Reynard. Je mouline et danseuse sur le triple, jurant et
m’invectivant à haute voix comme à mon habitude, bon dieu que c’est dur !
Je rattrape au fur et à mesure de ma progression ceux qui ne se sont pas arrêtés
à Bédoin et arrive au chalet (km 15) après 1 h 25 depuis Bédoin. Ca va être
duraille de réaliser mon objectif d’autant que mon meilleur temps pour les 6
derniers km est de 38 minutes en venant de Sault en 95 (temps final de 1 h 52
pour ce coté vraiment plus facile jusqu’au chalet il est vrai). J’essaye
d’en remettre une couche, impossible ! Je commence à être cuit et j’ai
parfois l’impression de faire du surplace, ce qui me laisse bien le temps de
profiter des vues. Les 2 derniers km après le col des tempêtes (1.829) me
voient dans l’impossibilité de tirer mes introuvables dernières cartouches
et j’en termine avec le coup de rein pour arriver au pied de l’observatoire,
vraiment lessivé, en 2 h 09, raté ! Cela me vaudra d’ailleurs ce soir les
quolibets de certains qui ne l’ont pas monté. Le vendredi 13 a encore frappé
!
Je redescend les quelques cent mètres qui conduisent
au Vendran où je retrouve Gianny (1 h 51), Jacky (1 h 55) et Alain (1 h 59),
bravo. J’écluse un grand panaché en attendant les suivants qui réussiront
tous l’ascension et démontreront par là qu’à condition d’avoir la
volonté voire la rage et un minimum de condition : à cyclo passionné, rien
d’impossible.
Reste à descendre le « boulevard » (des
trois cotés c’est celui où la route est la plus large avec en plus de belles
lignes droites) vers Malaucène. J’entame la descente avec Bernard que je
guide quelques km plus bas vers le collet des jardins (1.415) sur la route du
Mont Serein. La suite de la descente aurait dut être une partie de plaisir sauf
que nous y tombons en plein travaux de réfection de la route, des ouvriers
goudronnent et « gravillonnent » à qui mieux mieux et nous nous
retrouvons avec nos roues complètement engluées ce qui nous oblige à nous arrêter
pour essayer d’enlever le plus gros des gravillons collés sur nos pneus et
nous force ensuite à modérer notre vitesse par crainte d’une crevaison.
Il est presque 14 h et nous avons roulé 55 km quand
nous nous garons devant la terrasse de l’Albion et y retrouvons Jacky, Gianny,
Gerda et Christophe. Les cuisines sont sur le point de fermer mais le patron
accepte de nous servir un plat « minute » : côtes d’agneau grillées,
frites, salade en ce qui me concerne.
Malgré notre fatigue et le fait que la chaleur de
l’après-midi soit sans doute la plus infernale de tout le voyage nous décidons
d’effectuer un circuit de quelques dizaines de bornes au nord du village afin
d’y cueillir des cols.
Nous empruntons la D 242 qui serpente parmi les combes
de la crête du Rissas, la route joue les petites montagnes russes mais quel
calme et quelle « superbitude » et en prime deux cols : Astauds
(465) et Gainons (435).
Nous sommes surpris d’apercevoir des cyclos bleu schtroumpf se diriger vers nous. C’est d’abord le Chi, rouge comme une tomate, qui nous croise à toute allure et nous crie qu’il est en train de manger le petit vélo jaune. Effectivement il est suivi de Jacques qui semble un peu à la peine. Nous apprendrons par la suite qu’ils se sont tapé la cloche du coté de Mollans et surtout qu’ils s’y sont pas mal « désoiffés » au rosé. Ceci expliquant sans doute cela.
Col de Veau
Notre groupe continue son petit bonhomme de chemin,
passe le col de Veaux (386) et arrive à Mollans sur Ouvèze, arrêt cabaret
tandis que Bernard va empocher le col Saint Michel (320). Ensuite nous mettons
le cap retour vers Malaucène. Je cherche et crois trouver l’embranchement
muletier vers Tray le Col, à l’exception de Christophe qui s’en retourne
« direk » nous nous y lançons et grimpons sur un chemin de terre
jusqu’à arriver à ce qui me semble être l’endroit « colien »
à l’altitude ad-hoc (363) en accord avec la Top 25 du coin. Nous y sommes même
accueillis par un sympathique cheval.
Collet de Marin
Nous retrouvons la plupart des dragons au bistrot
jouxtant l’hôtel où Yves offre la tournée pour avoir passé les 1.000 cols
cet après-midi, proficiat. Quant à Eric il a réussi les Cinglés du Ventoux
sans coup férir, la classe. Les autres commentent leurs différents parcours du
jour, Jean-Claude n’en revient toujours pas d’avoir escaladé le Ventoux et
le Chi est déjà chaud.
Repas du soir aussi bon que celui de la veille : pâté
de campagne, poulet basquaise, dessert suivi d’une dansante soirée « dérive »
très arrosée surtout pour le Chi complètement K.O debout, il faudra
d’ailleurs que des bonnes âmes l’aident à se mettre au pieu. Largement
passé minuit, remake du coucher d’hier pour moi sans toutefois devoir cette
fois réveiller Yves, le metzcal et autres get 31 valant les meilleurs somnifères
!
Samedi 14. Malaucène - Montélimar : 105 km, 1.400 m
de dnv.
Col de Suzette
Nous sommes aux abords des dentelles de Montmirail, un
des must à voir (et à faire) dans le coin mais avant de m’y rendre je vais,
avec quelques autres, effectuer une petite dragonnade de toute beauté qui
commence par une belle descente sur une merveilleuse petite route boisée en
direction de Le Barroux puis nous obliquons pour passer le col de Champ Paga
(366), passons près du superbe hameau de La Roque Alric et retrouvons le
parcours de base après 11 km au village de Lafare. Pour les
jusqu’au-boutistes c’est de ce village que débute alors une seconde
dragonnade dont nous nous souviendrons longtemps. Elle commence par
l’ascension sur goudron vers la chapelle Saint Christophe en nous offrant des
passages que La Redoute ne renierait pas puis elle se prolonge par une piste
caillouteuse et poussiéreuse à souhait sur laquelle, soleil tapant et « s’crandissure »
accumulée aidant, Gianny, Jacky, Bernard, Bruno, Yves et moi sommes contraints
de pousser les vélos.
Vers les Dentelles
Vers le col du Cayron
Col d'Alsau
Nous retrouvons l’asphalte, passons près de Gigondas et reprenons le parcours de base vers Sablet, charmant petit village sur la place duquel nous commettons un de nos habituels arrêt cabaret. Gianny, Jacky et Yves décident d’effectuer la dragonnade suivante vers Seguret et le Coulet (370) tandis que Bruno, Bernard et moi décidons d’en faire l’impasse, « faut-y » qu’on soit cuits ! Faut dire aussi qu’en ce qui me concerne la partie de poussette que nous venons d’effectuer a largement endolori mon coté prothésé.
Cap sur Valréas sur des routes peu ardues excepté le
passage du chevron d’avant Buisson, la D 976 après Visan nous permettant même
de mettre (un peu) de braquet. Nous arrivons à Valréas et dénichons assez
facilement la ferme Champ Rond, lieu du repas de midi, un peu à l’écart de
la ville où nous retrouvons tout le groupe excepté bien sur les trois derniers
dragonneurs qui s’y pointent une vingtaine de minutes après nous.
Un endroit à marquer d’une pierre blanche, une ancienne ferme transformée en gîte d’étape comprenant une espèce de grange ouverte sur le patio et servant de salle à manger, à noter aussi qu’une source débitant une eau potable, limpide et bien fraîche se trouve à portée de bidon. Si vous passez dans le coin c’est à voir absolument et surtout « à manger ! » : salade composée Méditerranée (aux moules, crevettes, mousseline de daurade), navarin d’agneau et dessert « assiette Champ Rond » comprenant deux pâtisseries, un fruit, un sorbet. Seul petit bémol : le manque de vélocité du serveur quant à la délivrance des pichets de vin ! Après un repas pareil, difficile pour certains de résister à l’appel de la méridienne. C’est passé 15 heures que nous nous extirpons à grand peine de cet endroit idyllique pour nous lancer sur la trentaine de derniers km. Nous nous dirigeons vers Grignan à allure trop élevée au gré de certains dont moi. Arrivés aux abords de la ville le groupe de tête fonce comme un seul homme vers Montélimar par la grand-route alors que nous devons la quitter, cette fois tant pis pour eux ils sont trop loin pour que je puisse leur crier après!
Descente Col du Colombies
Avec ce qui reste du groupe nous traversons la ville et admirons le très beau château cher à madame de Sévigné et à sa fille et commençons la traversée du bois de Grignan vers le col du Colombier (400). Montée en principe assez facile (211 m en 7 km) mais qui reste dans les jambes de beaucoup (n’est ce pas Philippe !). Pour ma part c’est en compagnie de Jean Claude que je l’effectue. La descente du col est un peu crispante because des gravillons et arrivés à Espeluche un bistrot de bon aloi nous tend les bras. Dénommé « Banana’s » le cabaret vaut l’arrêt aussi bien par son airco que par la sympathie du patron et le karaoké qui pousse le Chi à se prendre pour Aznavour.
Arrêt à Espeluche
Il ne nous reste plus qu’à rejoindre peinardement
Montélimar et l’hôtel Kyriad au confort moderne, chaîne hôtelière oblige
! Malheureusement le menu, sans être mauvais et malgré son énoncé, n’est
pas à la hauteur de ce à quoi nous avons été habitués lors de nos précédentes
haltes : (petite) assiette de crudités et charcuteries, pavé de saumon au riz
(et sa sauce « à part », un moment « comique » !),
assiette de pâtisseries.
Soirée à Montélimar
Pas de chance donc, surtout pour Marc et Delphine qui
après un voyage en moto dans les Alpes Maritimes nous ont rejoint de même que
Fabiano et deux autres montois en vacances dans le coin. « M’enfin »
on ne va quand même pas se laisser abattre qui plus est un 14 juillet ! Afin de
nous « remettre » il nous suffit de traverser le boulevard pour nous
attabler à la terrasse de La Panthère Noire et y débuter (et terminer) une
nouvelle soirée groupe cabaret. La pluie qui commence à tomber nous oblige à
nous rabattre sur le comptoir ce qui n’est pas pour déplaire à certains
piliers du groupe qui s’y attaquent au get 27, à la vodka et autres boissons
toutes plus alcoolisées les unes que les autres. C’est « sagement »
que je les quitte avant minuit pour aller au pieu, le Chi se pointant peu après.
Dimanche 15. Montélimar - Casteljau : 83 km, 700 m de dnv.
Départ Montélimar
Ciel gris et fine pluie dès le lever, la journée
s’annonce maussade, on va « se marrer » ! Le déjeuner « buffet
de toutes sortes » compense le souper d’hier et sur les choses de 9 h
tout le monde se retrouve sur le pont pour la dernière demi-étape du voyage.
C’est ici que Bernard, Jacques, Bruno, le Chi et moi abandonnons « lâchement »
le groupe pour mettre directement le cap sur le camping ce qui, comme pour
dimanche dernier, a pour avantage de ne mobiliser personne pour s’occuper de
notre « rapatriement » depuis Valence.
Après l’au revoir et les souhaits de bonne route au
groupe nous quittons Montélimar par le sud. De temps en temps une fine pluie
nous tombe dessus mais le vent nous étant favorable et la température douce
nous pédalons dans une relative bonne humeur.
Au col de La Fare
A
absolument parcourir si vous êtes dans le coin ! Pointillée de rouge sur la
Michelin ce qui signifie que le parcours en est difficile et/ou dangereux, elle
n’est en fait réellement ni l’un ni l’autre (pour des vélos en tous cas)
si ce n’est par son étroitesse et son revêtement abîmé (qui me causera une
crevaison) mais cela est largement compensé par l’aspect sauvage et désert
des lieux. Nous passons Gras, nouvelle crevaison cette fois pour le Chi et nous
arrivons à Saint Remèze, arrêt bistrot et tournées de cafés et chocos
chauds.
La pluie tombe maintenant violemment et nous nous
attardons dans le bistrot en espérant une accalmie qui ne vient pas. Nous
sommes bien forcés (surtout Jacques) de repartir. Pour remonter le moral des
troupes j’affirme que cela va « d’aller » vu que nous nous
trouvons à 369 m d’altitude et que nous allons « plonger » sur
Vallon Pont d’Arc (104 m) pendant 14 km ce que le patron du cabaret confirme.
Malheureusement la suite des événements tempère largement mon optimisme
naturel en effet le « dévalage » prévu commence en réalité par
une paire de km de faux plat montant avec un fort vent de 3/4 face et une pluie
diluvienne en suppléments gratuits. En prime : le fait d’être croisés/dépassés
par des bagnoles qui en remettent une couche question déplacement d’air et
d’eau !
Fin du faux plat et début de la descente lacets sur
10 km chevronnés Michelin. Dans un tel cas et de telles conditions météos, y
a pas 36 solutions : ou on dévale sans se poser de questions ou on freine
« tout le long ». Comme de bien entendu j’opte pour la première
branche de l’alternative, ça va me rappeler le Pic de Nore en 97 ! Sans me
vanter (quoique !) il aurait fallu être très fort et/ou très cinglé (du
Ventoux) pour me suivre ! Je fonce, tête casquée tournée vers la droite pour
éviter que les bourrasques de pluie et de vent ne m’endolorissent le visage,
négociant les virages comme un Jalabert (d’accord, je défais mon col -de
chemise-), y dépassant même l’un ou l’autre véhicule, the very big foot !
J’arrive à l’entrée de Vallon et m’abrite sous un
porche. Bernard se pointe après 5 minutes, Bruno et le Chi après 10 et Jacques
qui a choisi l’option freinage après 20, pas fou lui ! Il nous reste à
suivre l’encombrée route de Ruoms en s’efforçant d’y garder son calme
par rapport au comportement « frôleur » de certains « zozomobilistes ».
Seuls points positifs : la pluie a cessé et le vent molli. Nous sommes ensuite
nettement plus tranquilles sur la départementale vers Casteljau, le soleil
daignant même se montrer. Arrivée au camping vers 14 h, vraiment moulus,
acclamés par la foule en délire. Jacky, Jules, Richard et Jean-Claude qui ont
vécu sur la route de Valence en compagnie du reste du groupe les mêmes (sinon
pires) conditions météos que nous,
Michel sous la pluie
arrivent (en voitures) en fin d’après midi.
Les vacances farniente et les chasses pépère aux cols peuvent commencer ! Un
immense merci et un énorme bravo à toutes et tous et à dans deux ans (avec
Michel et le président cette fois) si le vélo me prête vie !
Bilan perso du voyage : 900 km, 11.700 m de dnv et 43
cols franchis dont 34 nouveaux.
HONO. Groupe Cabaret Productions.